
À Glidji, la 362ᵉ édition de la fête Epé-Ekpé a livré son verdict : une pierre sacrée « blanc-sale », porteuse d’avertissements et d’espérance. Entre mise en garde spirituelle et appel à la cohésion, le peuple Guin scrute les signes de son avenir collectif.
La ferveur était à son comble ce jeudi 18 septembre 2025, lorsque les prêtres Gê Yéhoué ont dévoilé la pierre sacrée « Kpéssôssô ». Comme lors des deux années précédentes, le symbole central de la fête Epé-Ekpé est apparu « blanc-sale », une couleur lourde de sens. Pour les dignitaires, ce signe traduit un malaise social persistant : divisions internes, perte de repères, affaiblissement des valeurs morales et fraternelles. « Ce qui ne t’appartient pas, ne le prends pas. Arrêtez de prendre les femmes d’autrui, sinon le malheur vous attend », ont averti les prêtres devant une foule attentive. Ils ont également dénoncé avortements, malédictions et nuisances volontaires qui fragilisent la cohésion communautaire.
Mais au-delà des interdits, le message de la pierre n’est pas seulement un cri d’alarme. Il porte aussi une lueur d’espérance : celle de la réconciliation, de la paix et du renouveau. En invitant les fils et filles Guin à renouer avec les valeurs ancestrales respect, entente et solidarité les divinités appellent à transformer ce signe en moteur de renaissance collective.
La cérémonie, riche en couleurs et en chants, a une nouvelle fois attiré des milliers de fidèles, de curieux et de dignitaires venus du Togo et de la diaspora. Epé-Ekpé demeure l’un des rendez-vous culturels les plus emblématiques du pays, mêlant tradition, spiritualité et identité. À travers la pierre sacrée, c’est tout un peuple qui scrute son destin et cherche des clés pour renforcer son unité.
Pour de nombreux observateurs, la répétition de la couleur « blanc-sale » interroge. Elle est perçue comme un rappel que la société togolaise, au-delà du peuple Guin, traverse des défis qui exigent une introspection collective. « La pierre n’est pas seulement pour les Guin, elle parle à toute la nation », confie un notable de Glidji, soulignant la dimension universelle du message.
En filigrane, Epé-Ekpé 2025 n’est donc pas seulement une fête traditionnelle. C’est aussi un miroir tendu à la société, un rappel que la cohésion et les valeurs communes restent les meilleurs remparts contre les drames qui frappent d’autres nations de la région.
En se dressant comme un symbole de vigilance et d’espérance, la pierre sacrée « Kpéssôssô » rappelle que l’avenir du peuple Guin et au-delà du Togo se construira dans l’unité, la fidélité aux valeurs ancestrales et la quête d’une paix durable.