
06/02/2023 February 6, 2023, Paris, Ile-de-France (region, France: The President of the Republic, Emmanuel Macron, received the Transitional President of the Republic of Chad, Mr Mahamat Idriss Deby Itno, at the Elysee Palace in Paris on 6 February 2023 POLITICA Europa Press/Contacto/Julien Mattia
Le Tchad, acteur clé de la lutte contre le terrorisme au Sahel, a frappé un grand coup en annonçant le jeudi 28 novembre 2024, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, la résiliation de l’accord de coopération en matière de défense révisé en 2019 avec la France. Cette décision, rendue publique jeudi dernier, marque une étape charnière dans les relations entre N’Djamena et Paris, mettant en lumière une volonté affirmée de redéfinir son avenir stratégique et diplomatique.
Après 66 ans d’indépendance, le gouvernement tchadien entend tourner la page d’une coopération militaire qu’il juge désormais inadaptée à ses aspirations. « Il est temps pour le Tchad d’assumer pleinement sa souveraineté et de bâtir des partenariats plus équilibrés », indique le communiqué officiel. Cette décision, bien qu’inattendue, s’inscrit dans un mouvement plus large sur le continent, où plusieurs nations africaines revendiquent une plus grande autonomie dans leurs relations avec les puissances étrangères.

Le Tchad, pilier de la force conjointe du G5 Sahel, a été un partenaire clé de la France dans la lutte contre les groupes djihadistes en Afrique centrale et dans le Sahel. La présence de bases françaises sur son sol, couplée à des échanges de renseignements, a joué un rôle crucial dans la sécurisation régionale.
La fin de cet accord pourrait néanmoins bouleverser la dynamique sécuritaire dans une région déjà en proie à une intensification des attaques terroristes. Alors que la France tente de maintenir son influence dans un contexte de défiance croissante en Afrique, cette décision vient fragiliser un peu plus sa politique sur le continent.
Si la résiliation de cet accord semble refléter des tensions entre le Tchad et son ancien colonisateur, elle pourrait également être perçue comme une opportunité. N’Djamena pourrait ainsi diversifier ses partenariats stratégiques en se tournant vers d’autres puissances comme la Russie, la Chine ou encore la Turquie, qui gagnent en influence sur le continent africain.
Cette décision reflète par ailleurs une quête de reconnaissance internationale pour le Tchad, qui cherche à redéfinir son rôle au-delà des relations traditionnelles héritées de la colonisation.
Du côté de Paris, le silence persiste. Le ministère français des Affaires étrangères n’a pas encore réagi à cette annonce. Pourtant, cette rupture symbolise un défi de taille pour la France, déjà fragilisée par des relations tendues avec d’autres pays du Sahel.
Alors que la coopération militaire constituait un pilier de sa stratégie régionale, la France se retrouve face à une remise en question de son influence, dans un contexte où plusieurs nations africaines privilégient des relations jugées plus équitables.
La résiliation de cet accord soulève des interrogations sur l’avenir de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Sans la coopération militaire étroite entre les forces tchadiennes et françaises, la région pourrait devenir encore plus vulnérable à l’expansion des groupes djihadistes.

Cependant, le Tchad semble déterminé à prouver que cette décision est le prélude à une nouvelle ère, où la souveraineté nationale prime sur les dépendances historiques.
Cette décision du Tchad pourrait inspirer d’autres pays africains à réévaluer leurs propres accords de coopération. L’émergence de nouvelles alliances stratégiques, symbolisées par des partenariats avec des puissances comme la Russie, pourrait transformer durablement le paysage géopolitique du continent.
La rupture entre le Tchad et la France n’est pas qu’un simple acte administratif ; elle symbolise une Afrique en quête d’identité, de souveraineté et de partenariats qui respectent ses aspirations profondes.