
Antananarivo – 11 octobre 2025. Une journée historique et explosive à Madagascar. Tandis que la colère populaire gronde depuis plusieurs semaines, une partie de l’armée s’est rebellée ce samedi contre le pouvoir du président Andry Rajoelina. La capitale Antananarivo, cœur battant du pays, vit depuis lors au rythme de la confusion et de la peur.
La mutinerie éclate au cœur d’Antananarivo
En milieu d’après-midi, des militaires du Corps d’administration des personnes et des services de l’armée de terre (CAPSAT) ont fait une entrée remarquée dans le centre-ville. Des échanges de tirs ont retenti, mais les mutins ont rencontré peu de résistance. Rapidement, ils ont pris position sur la place du 13-Mai, lieu hautement symbolique où se sont écrites les grandes pages de l’histoire politique malgache. Acclamés par une foule en liesse, les soldats insurgés ont été accueillis comme des libérateurs. « Nous refusons de tirer sur notre peuple », a proclamé le CAPSAT dans un message publié sur Facebook quelques heures plus tôt.
Une armée divisée, un pouvoir fragilisé
Dans leur communiqué, les mutins dénoncent des ordres « illégaux » et accusent le gouvernement d’avoir transformé les forces armées en instruments de répression.
Ils font notamment référence à la violente répression des manifestations des 25 et 26 septembre, qui ont fait 22 morts, selon l’ONU.
Le ministère des Forces armées a aussitôt condamné cette mutinerie, appelant à « l’unité et à la discipline ». Des rumeurs faisaient état d’une attaque imminente du camp du CAPSAT par des unités restées fidèles au président. Mais sur le terrain, les mutins se disaient prêts à riposter « On les attend », confiait, bravache, un militaire aux abords du camp.
La jeunesse en première ligne
À l’origine, la contestation était portée par le collectif Madagascar Gen Z, qui réclamait un meilleur accès à l’eau, à l’électricité et à la santé.
Mais face à la répression, la rue s’est radicalisée. Aujourd’hui, les manifestants exigent la démission du président Andry Rajoelina, accusé d’avoir trahi les idéaux de la jeunesse.
Âgé de 51 ans, l’actuel chef de l’État avait lui-même accédé au pouvoir par un soulèvement populaire en 2009 avant d’être élu en 2019 puis réélu en 2023. Ironie du sort : la rue qui l’avait porté hier semble désormais se retourner contre lui.
Un gouvernement remanié, mais la crise persiste
En début de semaine, Rajoelina avait tenté d’apaiser les tensions.
Tout en dénonçant une “tentative de coup d’État”, il a limogé son gouvernement et nommé le général Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo au poste de Premier ministre le 6 octobre dernier.
Mais ces décisions n’ont pas suffi à calmer la colère. Le 9 octobre encore, des milliers de manifestants étaient descendus dans la rue à Antananarivo.
Rajoelina toujours à Antananarivo ? Le mystère plane
En fin d’après-midi, plusieurs sources faisaient état d’une fuite du président hors de la capitale, sans confirmation officielle.
Les informations se contredisent, tandis que la population reste suspendue à son téléphone, entre rumeurs, peur et espoir de changement.
Antananarivo est en proie à une tension extrême.
Entre mutinerie militaire, colère populaire et incertitude politique, Madagascar semble à la croisée des chemins. Les prochaines heures pourraient bien déterminer le destin d’un pays déjà fragilisé par la crise sociale et la défiance envers ses institutions.