
Paris, 10 octobre 2025. C’est un retour express à Matignon. Moins d’une semaine après avoir présenté sa démission, Sébastien Lecornu a de nouveau été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron ce vendredi soir. Un choix audacieux, voire risqué, pour le chef de l’État, alors que les oppositions, de La France insoumise (LFI) au Rassemblement national (RN), annoncent déjà une motion de censure.
Un fidèle du président de retour à Matignon
Le 8 octobre, Sébastien Lecornu avait quitté son poste après avoir constaté le manque de soutien de la droite et face aux menaces de censure qui planaient sur son gouvernement.
Deux jours plus tard, Emmanuel Macron choisit pourtant de lui renouveler sa confiance, à l’issue de nouvelles consultations politiques menées à l’Élysée.
Toute la journée de vendredi, le président a reçu les chefs des principaux partis — à l’exception notable de LFI et du RN, jugés trop hostiles au pouvoir. Selon l’entourage du président, ces formations auraient « indiqué rechercher la dissolution » de l’Assemblée nationale.
Les oppositions vent debout
À peine reconduit, Sébastien Lecornu doit déjà affronter une tempête politique.
Du côté de La France insoumise, la ligne est claire : le gouvernement sera censuré. Même ton au Rassemblement national, qui accuse Emmanuel Macron de « mépriser le vote des Français ». La cheffe des Écologistes, Marine Tondelier, a dénoncé « une ultime provocation faite aux Français ». « Je ne vois aucun argument pour ne pas le censurer », a-t-elle déclaré sur France Info.
Les Républicains divisés mais majoritairement favorables
Chez Les Républicains (LR), la majorité des députés semble prête à soutenir Sébastien Lecornu. Lors d’une réunion de groupe tenue vendredi soir, 41 députés sur 44 se sont exprimés en faveur d’un soutien au Premier ministre. « En renommant Sébastien Lecornu, le président donne une chance à la stabilité », a écrit sur X le député LR Vincent Jeanbrun, porte-parole du groupe parlementaire.
Le PS pose ses conditions : la réforme des retraites en ligne de mire
Le Parti socialiste a, pour sa part, conditionné son vote à une mesure forte : la suspension immédiate et complète de la réforme des retraites « S’il n’y a pas, dès la déclaration de politique générale, l’abandon du 49.3 et la suspension de la réforme des retraites, nous censurerons le gouvernement », a averti Pierre Jouvet, secrétaire général du PS, dans un communiqué transmis à l’AFP.
Macron mise sur la stabilité, mais le pari est risqué
En maintenant Lecornu à Matignon, Emmanuel Macron espère préserver une forme de continuité dans un contexte politique fracturé.
Mais la menace de censure, les divisions persistantes à l’Assemblée et la défiance de l’opinion font de cette reconduction un pari à haut risque. Comme l’a résumé Yaël Braun-Privet, présidente de l’Assemblée nationale :
« Place au travail. Il est temps. » Encore faut-il que le gouvernement tienne assez longtemps pour s’y mettre.