
Reportage : Ruth ETEKPOR
Le 7 octobre 2025, les autorités burkinabè ont procédé à l’arrestation de huit membres de l’ONG International NGO Safety Organisation (INSO), accusés d’espionnage et de trahison. Parmi les personnes interpellées figurent deux ressortissants français, une Franco-Sénégalaise, un Tchèque, un Malien et quatre Burkinabè. Ces arrestations ont été annoncées par le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, lors d’une conférence de presse tenue à Ouagadougou.
Selon les autorités, INSO aurait poursuivi ses activités sur le territoire burkinabè malgré une suspension officielle prononcée en juillet 2023. L’ONG est soupçonnée d’avoir collecté des données sensibles sur la sécurité nationale, notamment des informations sur les mouvements des forces armées et les zones de déploiement stratégique. Le ministre a déclaré que ces activités étaient menées sans autorisation et en violation flagrante des lois nationales sur la sécurité.
INSO, dont le siège est basé à La Haye, est connue pour fournir des analyses sécuritaires aux organisations humanitaires opérant dans des zones de conflit. Elle affirme que ses missions visent à améliorer la sécurité des travailleurs humanitaires et à faciliter l’accès aux populations vulnérables. Dans un communiqué publié à la suite des arrestations, l’ONG a rejeté les accusations portées contre elle, qualifiant l’intervention des autorités de « malentendu grave » et affirmant que ses activités étaient transparentes et conformes aux normes internationales.
L’affaire intervient dans un climat de méfiance croissante entre le gouvernement burkinabè et les organisations internationales. Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022, les autorités ont adopté une posture souverainiste, marquée par la rupture avec plusieurs partenaires occidentaux, dont la France, et le renforcement des liens avec des pays comme la Russie et le Mali. Cette orientation politique a conduit à une révision des accords de coopération et à une surveillance accrue des ONG étrangères.
Les personnes arrêtées ont été placées en garde à vue et une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer l’ampleur des faits reprochés. Si les charges sont retenues, elles pourraient encourir de lourdes peines, notamment pour atteinte à la sûreté de l’État. Le gouvernement burkinabè a réaffirmé sa volonté de protéger sa souveraineté et de contrôler strictement les activités des organisations opérant sur son territoire.
L’affaire suscite des réactions contrastées au sein de la société civile et de la communauté internationale. Certains observateurs y voient une instrumentalisation politique visant à restreindre l’espace humanitaire, tandis que d’autres soutiennent la démarche des autorités comme une mesure nécessaire pour garantir la sécurité nationale dans un contexte de lutte contre le terrorisme.