
La capitale togolaise accueille, du 18 au 19 septembre, un séminaire de haut niveau sur la prévention de la criminalité financière. Députés, experts et institutions de la CEDEAO réfléchissent à renforcer le rôle des commissions parlementaires dans la lutte contre le blanchiment, la corruption et le financement du terrorisme.
Depuis jeudi, Lomé est le théâtre d’un rendez-vous stratégique pour l’Afrique de l’Ouest. À l’hôtel 2 Février, le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) réunit parlementaires et spécialistes pour un séminaire consacré à la « Prévention de la criminalité financière et au renforcement de la gestion des finances publiques à travers les Commissions des Finances et du Contrôle Budgétaire des Parlements ».
Dans son allocution d’ouverture, le directeur général du GIABA, M. Edwin W. Harris Jr., a dressé un constat alarmant : « L’Afrique perd chaque année plus de 88,6 milliards de dollars en flux financiers illicites. Cette hémorragie compromet la construction d’écoles, d’hôpitaux et d’infrastructures, et prive notre jeunesse d’opportunités. » Pour lui, la supervision parlementaire est un levier incontournable pour enrayer cette saignée : « Votre rôle n’est pas une formalité. Il est un impératif de sécurité nationale », a-t-il martelé.
Le Secrétaire général du ministère de l’Économie et des Finances, représentant le gouvernement togolais, a mis en avant la détermination des autorités nationales : « Sous le leadership du Président Faure Essozimna Gnassingbé, le Togo a inscrit la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme au cœur de son agenda national et régional. » Il a plaidé pour une synergie durable entre parlements, exécutifs et société civile afin de renforcer l’efficacité des dispositifs.
Le président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF-Togo), M. Tchaa Bignossi Aquiteme, a insisté sur la nécessité d’accélérer le passage de l’analyse à la mise en œuvre : « Les évaluations mutuelles ont révélé des faiblesses dans nos dispositifs. Ce séminaire doit nous permettre de préparer efficacement le 3ᵉ cycle d’évaluations et de renforcer le rôle de vigie des parlementaires. »
Durant deux jours, les participants plancheront sur des thématiques concrètes : analyse des rapports d’audit, détection des signaux d’alerte, suivi des recommandations, transparence budgétaire et mécanismes de reddition de comptes. Objectif : transformer les commissions parlementaires en véritables sentinelles de l’intégrité publique.
Au-delà des résolutions, l’enjeu est de bâtir une CEDEAO plus résiliente, capable de protéger ses ressources financières de la prédation, mais aussi de restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions.
Ce séminaire marque un tournant dans l’approche de la criminalité financière en Afrique de l’Ouest. En mettant les députés au centre du dispositif, il reconnaît le rôle clé des parlements : non plus de simples organes de contrôle formel, mais des piliers de la gouvernance démocratique et de la protection des biens publics.
Lomé se positionne ainsi comme un espace de réflexion et d’action, où se dessine une nouvelle ambition régionale : faire du combat contre la criminalité économique une priorité partagée, garante de stabilité et de développement inclusif.