
Le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a convoqué vendredi à Lomé l’Ambassadeur de l’Union européenne, après une résolution du Parlement européen réclamant la libération de prisonniers politiques. Pour Lomé, cette démarche de Bruxelles constitue une intrusion intolérable dans un dossier « purement judiciaire et souverain ».
Le gouvernement togolais n’a pas apprécié la résolution adoptée cette semaine par le Parlement européen, appelant à la libération de prisonniers qualifiés de politiques, dont Abdoul Aziz Goma, actuellement incarcéré à la prison civile de Lomé.
En réponse, le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Togolais de l’extérieur, Robert Dussey, a convoqué ce vendredi 12 septembre 2025 l’Ambassadeur résident de la Délégation de l’Union européenne au Togo, Gwilym Ceri Jones. Objectif : obtenir des explications claires sur la démarche européenne et rappeler la position ferme de Lomé.
Pour le chef de la diplomatie togolaise, « la justice togolaise s’exerce en toute indépendance, conformément aux lois nationales et aux standards internationaux ». Toute pression extérieure est donc perçue comme une atteinte à la souveraineté nationale.
Le cas d’Abdoul Aziz Goma, mis en avant par Bruxelles, reste au cœur des tensions. Condamné à dix ans de réclusion criminelle par la Cour d’assises de Lomé pour complot contre la sécurité intérieure de l’État et groupement de malfaiteurs, il doit purger sa peine jusqu’en décembre 2028. L’intéressé a récemment entamé une grève de la faim, déclenchant une vague de réactions et attirant l’attention des institutions européennes.
Lomé considère cette prise de position comme « une ingérence manifeste dans un dossier purement judiciaire et souverain ». En diplomatie, le rappel à l’ordre adressé à l’Union européenne illustre la volonté du Togo d’affirmer son indépendance, tout en marquant les limites de l’influence extérieure.
Au-delà du cas individuel, cet épisode traduit les frictions récurrentes entre l’UE et certains pays africains, soucieux de défendre leur souveraineté face aux injonctions perçues comme excessives. Pour Lomé, il s’agit d’une question de principe : la justice nationale ne saurait être dictée depuis Bruxelles.