
Le panafricanisme franchit un nouveau palier institutionnel au Niger. Le jeudi 21 août 2025, les autorités nigériennes ont officialisé la nomination de l’activiste suisse-camerounaise Nathalie Yamb comme conseillère spéciale du Président de la République, le Général Abdourahmane Tiani. En parallèle, elle a reçu un passeport diplomatique nigérien, consolidant son rôle dans la dynamique politique du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
Une trajectoire panafricaine qui gagne en reconnaissance
Déjà consacrée sur la scène panafricaine, Nathalie Yamb avait été décorée quelques mois plus tôt par le président burkinabè Ibrahim Traoré, autre figure de proue de la contestation de l’ordre néocolonial en Afrique de l’Ouest. Ce double honneur – une décoration officielle au Burkina Faso et une intégration au cœur du pouvoir nigérien – témoigne de la place grandissante qu’occupe « la dame de Sotchi » dans le nouvel échiquier africain.
De la militance à l’influence institutionnelle
Connue pour ses discours percutants contre la Françafrique et le franc CFA, Nathalie Yamb s’est affirmée depuis plusieurs années comme une voix incontournable du panafricanisme. Présente au Niger dès les premières heures de la transition, elle s’est rapprochée du CNSP après les évènements du 26 juillet 2023.
Ses idées – souveraineté économique, fin de la dépendance politique, justice sociale – trouvent un écho particulier dans un contexte régional marqué par la recherche d’une indépendance stratégique face aux pressions extérieures.
Une stratégie partagée par les régimes de rupture
Avec Kémi Séba, déjà détenteur d’un passeport diplomatique nigérien, Nathalie Yamb rejoint le cercle restreint des panafricanistes officiellement reconnus par les États en transition au Sahel. Ces gestes ne sont pas anodins : ils traduisent la volonté des régimes de Ouagadougou et de Niamey de transformer le panafricanisme en levier diplomatique, tout en envoyant un signal clair à leurs partenaires traditionnels, notamment l’Union européenne, qui continue de sanctionner certains activistes pro-russes.
Un combat idéologique assumé
Née le 22 juillet 1969 en Suisse, d’origine camerounaise, Nathalie Yamb a multiplié publications et interventions médiatiques où elle plaide pour :
un secteur privé africain fort,
la mise en place de régimes parlementaires,
la fin du franc CFA et de la Françafrique,
la restitution des droits fonciers aux populations.
Ces positions, longtemps jugées marginales, s’imposent aujourd’hui dans les discours politiques des régimes de rupture en Afrique de l’Ouest.
Une montée en puissance
Avec sa nouvelle fonction, Nathalie Yamb passe de la militance de terrain à une influence institutionnelle directe. Le Niger, en l’intégrant dans son cercle rapproché, confirme sa volonté de devenir l’un des bastions du panafricanisme politique. Quant à la militante, elle voit ses convictions s’ancrer désormais au sommet de l’État, après la reconnaissance déjà accordée par le Burkina Faso.
Entre Niamey et Ouagadougou, un même message se dessine : le panafricanisme ne se limite plus aux slogans, il devient un projet d’État.