
Le samedi 9 août 2025, les rues d’Abidjan ont vibré au rythme d’une mobilisation pacifique mais déterminée. Des milliers d’Ivoiriens sont descendus dans la capitale économique pour exprimer leur refus catégorique d’un quatrième mandat du président sortant Alassane Ouattara.
Organisée par le Front commun des deux principales formations d’opposition, cette manifestation a mis en lumière les tensions politiques croissantes à moins de trois mois de la présidentielle prévue le 25 octobre.
Le rassemblement était porté par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), dont les leaders historiques, Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo, sont exclus du scrutin. Respectivement empêchés de candidater pour des motifs de nationalité et des condamnations pénales, ces exclusions ont suscité une forte contestation dans l’opposition, qui dénonce un verrouillage politique.
Noël Akossi Bendjo, vice-président du PDCI, a salué cette mobilisation comme « historique », un signe clair que « le peuple est debout face à l’intransigeance ». Son homologue du PPA-CI, Sébastien Dano Djedje, a insisté sur l’importance d’un scrutin inclusif, dénonçant « un quatrième mandat anticonstitutionnel » et réclamant la réinscription de leurs leaders sur la liste électorale.
Malgré la tension ambiante, la manifestation s’est déroulée dans le calme et la discipline. Tidjane Thiam, qui suit les événements depuis l’étranger, a salué sur les réseaux sociaux ce comportement exemplaire, le qualifiant de « leçon de civisme et de patriotisme ». Les manifestants, venus de tous horizons, ont ainsi montré leur attachement à un processus électoral transparent et démocratique.
Le débat autour de la candidature d’Alassane Ouattara est au cœur de la crise politique ivoirienne. Bien que la Constitution ivoirienne limite à deux mandats présidentiels, le Conseil constitutionnel a validé en 2020 la candidature d’Ouattara en estimant que la nouvelle Constitution de 2016 remettait à zéro le compteur des mandats. Cette interprétation est vivement contestée par l’opposition, qui y voit une violation de la loi fondamentale et un coup porté à la démocratie.
La présidentielle se prépare dans un contexte tendu. Outre Thiam et Gbagbo, d’autres figures de l’opposition, telles que Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, sont également exclues pour des condamnations pénales. Ces décisions, combinées à une série d’interpellations de militants des partis d’opposition, alimentent un climat d’accusations croisées. L’opposition parle d’« enlèvements » et de « harcèlement », tandis que les autorités assurent qu’il n’y a aucune arrestation arbitraire.
À quelques semaines de la clôture des candidatures, fixée au 26 août, la tension est palpable alors que tous les prétendants tentent de réunir les parrainages nécessaires pour valider leur participation. Le Conseil constitutionnel devra bientôt trancher sur la validité des dossiers, dans un climat politique où chaque décision est scrutée et lourde de conséquences pour l’avenir démocratique du pays.
Cette mobilisation récente à Abidjan illustre les profondes divisions qui traversent la Côte d’Ivoire à l’aube d’une élection capitale. Elle met en lumière le défi majeur auquel fait face le pays : organiser un scrutin à la fois inclusif, pacifique et respectueux des règles démocratiques, afin de garantir la stabilité et la cohésion nationale.