
Les relations entre le Gabon et le Bénin connaissent un moment de crispation diplomatique. À l’origine de cette tension, une affaire liée à l’attribution de places de marché à Lambaréné, chef-lieu de la province du Moyen-Ogooué, qui a débouché sur une série de mesures impactant directement la communauté béninoise installée au Gabon.
Tout est parti de la gestion des places de marché de Bikélé et de Lambaréné, où de nombreuses commerçantes étrangères, en majorité originaires d’Afrique de l’Ouest, dont des Béninoises, ont obtenu des emplacements au détriment de certaines Gabonaises. Une situation vécue comme une injustice par les vendeuses locales, qui ont manifesté leur mécontentement.
Pour calmer les tensions, les autorités gabonaises ont décidé d’encadrer certaines activités économiques jusque-là ouvertes aux étrangers. Désormais, le petit commerce de proximité, la coiffure de rue, la réparation de téléphones ou encore l’orpaillage artisanal non autorisé sont interdits aux ressortissants étrangers, parmi lesquels les Béninois.
Face à ces mesures jugées restrictives, le gouvernement béninois a réagi avec prudence mais fermeté. Dans un communiqué officiel, le ministère des Affaires étrangères du Bénin a :
- appelé ses ressortissants vivant au Gabon à la sérénité et au strict respect des lois gabonaises ;
- annoncé la mise en place d’un recensement en vue d’organiser un retour volontaire pour ceux qui souhaiteraient rentrer au pays ;
- réaffirmé son attachement aux valeurs panafricanistes, rappelant que « chaque Africain doit pouvoir se sentir chez lui partout sur le continent »
Cette situation met en lumière une contradiction vécue dans de nombreux pays africains : d’un côté, la volonté de renforcer l’intégration régionale et panafricaine, et de l’autre, la pression sociale et économique qui alimente parfois des décisions de protectionnisme économique au niveau local.
Pour les autorités gabonaises, la priorité affichée est de protéger les citoyens gabonais dans les secteurs jugés sensibles, tandis que pour Cotonou, l’essentiel est de préserver la sécurité et la dignité des Béninois établis au Gabon.
Pour l’heure, la diplomatie béninoise joue l’apaisement et mise sur le dialogue. Mais en toile de fond, cette affaire rappelle la fragilité de la cohabitation entre communautés locales et étrangères en Afrique, surtout dans un contexte de crise économique où la concurrence pour l’accès aux ressources et aux opportunités est exacerbée.
Les regards restent tournés vers Libreville et Cotonou pour savoir si cette tension débouchera sur un simple incident passager ou sur un véritable dossier diplomatique.